Quel est le rôle des banques dans le financement des entreprises ?

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Accroche   L'idée que les banquiers seraient en quelque sorte des parasites qui vivraient aux dépens des emprunteurs a souvent été mise en avant, notamment après la grande crise financière de 2008. Il est vrai que celle-ci a concerné d'abord les banques avant de s'étendre aux entreprises, provoquant des faillites et des licenciements. C'est ainsi qu'une star des médias a pu appeler les français à procéder en nombre, le même jour, à des retraits d'espèces pour faire chuter les banques. Il existe aussi des pays où officiellement le prêt à intérêt est interdit par la religion. Pourtant les entreprises ont un besoin crucial de financement, auquel les banques apportent une réponse, même si ce n'est pas la seule possible.

Définition de mot-clé
   - banque :  intermédiaire entre épargnants et emprunteurs, avec une réputation assez établie pour que les agents acceptent la monnaie qu'elle crée (grâce à ses liens avec la banque centrale lorsque cette dernière existe et a le monopole d'impression des billets).

Rappel : il faut toujours annoncer en fin d'introduction les titres des parties principales du développement, juste après avoir posé explicitement la question du sujet. Il est souhaitable de reformuler cette dernière plutôt que de la recopier telle quelle dans l'introduction, et il faut si possible y associer une problématique, c'est-à-dire la décomposer en deux, trois ou quatre questions.


1/ Le besoin de financement des entreprises est surtout satisfait grâce à la capacité de financement des ménages, qui sont rémunérés de leur épargne par le taux d'intérêt


 a) En général les entreprises ont un besoin de financement, qui peut être couvert notamment grâce à la capacité de financement de nombreux ménages avec leur épargne

Avant même d'avoir produit, et donc vendu, la moindre unité d'un bien ou d'un service, une entreprise a des dépenses à faire : il lui faut un local, des outils plus ou moins complexes et coûteux, des matières premières. Ce problème se pose au moment de la création de l'entreprise mais également ensuite, chaque fois qu'elle modifie ou accroît son activité. Pour cette raison les entreprises ont souvent, et même toujours lorsqu'on les considère toutes ensemble, ce qui s'appelle un besoin de financement : elles ont davantage de dépenses à faire que de moyens pour y faire face toutes seules, en principe.

Les ménages sont dans une situation inverse en général. Tous ensemble, ils ont plutôt une capacité de financement. Du fait des incertitudes de l'existence et de la fluctuation des ressources au cours d'une vie, ils ont tendance à ne pas consommer l'intégralité de leurs revenus afin de dégager une épargne. Cette épargne peut donc servir à répondre au besoin de financement des entreprises. Les banques jouent de ce point de vue un rôle d'intermédiaire : elles peuvent prêter les dépôts que les épargnants font sur des comptes chez elles, aux agents qui ont des besoins de financement comme les entreprises.


 b) Le crédit a un coût pour les emprunteurs car il faut rémunérer les prêteurs, et c'est le taux d'intérêt  qui joue ce rôle du prix sur le marché des fonds prêtables

Les produits créés par les entreprises ont une valeur qui est en principe supérieure à leurs coûts de production. Cela leur permet de verser un profit à leurs propriétaires, mais aussi non seulement de verser un petit supplément aux prêteurs en plus du remboursement de la dette : c'est ce que l'on appelle l'intérêt. 200 euros par an en plus du remboursement par exemple, pour un prêt de 10000 euros, cela correspond à un taux d'intérêt de 2%. Il faut en effet pouvoir attirer l'épargne des agents qui ont des capacités de financement, sinon d'autres emprunteurs le font. Il existe ainsi un marché des fonds prêtables où le prix est le taux d'intérêt.

Bien sûr les intérêts versés chaque année par les entreprises, pour rémunérer leurs prêteurs en plus du remboursement, représentent un coût pour elles. Il est comptabilisé dans les coûts de production. Quant aux banques, lorsqu'elles servent d'intermédiaires, elles proposent aux emprunteurs un taux d'intérêt plus élevé que celui qu'elles versent aux épargnants : la différence leur sert à payer leurs propres coûts de production, notamment les salaires des employés de banque.


2/ Les agents les plus importants peuvent ainsi se passer des banques pour emprunter, et toutes les entreprises peuvent et doivent aussi se financer par des fonds propres


 a) Les épargnants sont prêts à se passer des banques pour prêter aux grandes entreprises ou aux Etats, en leur achetant directement des "obligations"

Une entreprise importante, parce qu'elle inspire confiance, à la possibilité d'emprunter directement auprès des épargnants les mieux informés, sur ce qu'on appelle le marché financier des obligations. Elle doit pour cela répartir le montant de son emprunt en un grand nombre de parts. En effet il est peu probable qu'un individu puisse prêter à lui tout seul 80 millions d'euros par exemple, pour placer son épargne. Chacune de ces parts, qu'on appelle des obligations, a le même montant d'origine : c'est un prêt fait à l'entreprise, que celle-ci s'engage à rembourser après une durée fixée à l'avance, par exemple 10 ans. En échange, le versement d'une somme fixe par l'emprunteur est prévu tous les ans : c'est l'intérêt, comme pour un prêt bancaire.

Pendant la durée de vie de l'obligation, la valeur de revente de celle-ci entre épargnants peut varier, mais le montant de l'intérêt, lui, ne change pas. Et à tout moment, le pourcentage que représente cet intérêt, par rapport à la valeur de vente ou de revente de l'obligation, est en principe inférieur au taux d'intérêt que les banques demandent à la même époque aux emprunteurs, et supérieur à celui qu'elles versent aux épargnants. Sinon, du côté des emprunteurs et des prêteurs, il n'y aurait guère d'intérêt à se rencontrer directement sur les marchés financiers.


 b) Les entreprises ne pourraient pas emprunter si elles ne se finançaient pas aussi par la vente d'actions et parfois une part d'autofinancement prélevée sur leur EBE

Les prêteurs doivent être sûrs de pouvoir se faire rembourser, d'une manière ou d'une autre, les sommes prêtées. Pour cela, les banques ont tendance à demander aux emprunteurs des taux d'intérêts un peu plus élevés afin d'avoir des sommes en réserve au cas où l'un d'eux disparaisse sans pouvoir rembourser. C'est une sorte de prime de risque, selon une logique d'assurance. Cependant la concurrence entre les banques les incite à proposer les taux d'intérêts les plus bas possibles. Et pour se couvrir contre le risque de faillite d'une entreprise qui leur a emprunté, elles utilisent un autre moyen : elles ne prêtent en général pas davantage à une entreprise que ce que ses propriétaires lui ont eux-mêmes apporté (les parts de l'entreprise que l'on appelle des actions dans le cas d'une société anonymes, et qui donnent droit à une part des profits tant qu'on ne les revend pas à d'autres futurs propriétaires).

De cette façon, les banques peuvent se rembourser en vendant le matériel de l'entreprise après une faillite, même s'il a perdu de sa valeur avec l'usure. Et le risque de faillite, donc la prime d'assurance incluse dans le taux d'intérêt, s'en trouve lui-même réduit? car les propriétaires sont davantage incités à éviter les erreurs de gestion. Les entreprises ont ainsi besoin des apports de leurs propriétaires pour s'équiper. Et elles utilisent d'ailleurs aussi pour cela, parfois, une part de leur profit ("Excédent Brut d'Exploitation") des années précédentes, qu'elles ne distribuent pas toujours entièrement à leurs propriétaires. Mais elles ne peuvent pas non plus se passer d'emprunter car la concurrence les obligent à faire tout ce qu'elles peuvent pour s'équiper au moins aussi bien que leurs compétiteurs.



Rappel : il faut toujours conclure le devoir en commençant par résumer la réponse, apportée par le développement, à la question du sujet. On peut s'inspirer pour cela des titres des parties principales annoncés en fin d'introduction, mais il faut donner de ces quelques phrases une version plus détaillée et si possible plus affirmative, compte tenu des précisions données plus haut dans le développement.

Elargissement du sujet vers d'autres questions   Malgré les autres solutions de financement, on ne peut absolument pas négliger le rôle des banques dans le financement des petites entreprises en particulier, mais également pour les plus grandes, et donc pour le fonctionnement de l'économie de marché. Toutefois l'impact fortement négatif qu'ont eu les crises bancaires sur l'ensemble de l'économie et de la société, à plusieurs reprises dans l'histoire, impose un encadrement réglementaire et une surveillance très stricte de ces activités par les pouvoirs publics. Afin de limiter les risques qu'elles peuvent présenter.