Le prix dépend-il des quantités à vendre, à l'échelle d'une entreprise et à celle d'un marché concurrentiel ?

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Accroche   Lorsqu'un agriculteur a beaucoup de cerises à vendre par exemple, il peut gagner plus avec un prix plus bas car cela attire davantage de clients : c'est mieux que de laisser ses fruits pourrir. Dans ce cas le prix dépend des quantités à vendre. Mais cela marche seulement si notre agriculteur n'a pas trop de concurrents, car sinon ils seraient obligés de faire comme lui pour garder des clients. Aucun n'est alors vraiment libre de choisir son prix. Peut-on dire qu'à l'échelle d'une entreprise, c'est même plutôt le prix qui détermine la quantité produite (en sens inverse, donc) ? Et à l'échelle du marché dans son ensemble ?

Définition de mot-clés
   - marché :  rencontre entre l'offre et la demande d'une ressource, c'est-à-dire entre les vendeurs et les acheteurs d'un moyen de satisfaire des besoins; cette rencontre peut se faire à un endroit précis, mais le plus souvent elle se réalise en même temps en de nombreux lieux différents et sur internet
- marché concurrentiel :  marché sur lequel le produit échangé est proposé à la vente dans une version identique par un grand nombre d'offreurs, qui se trouvent ainsi en concurrence, et susceptible d'intéresser symétriquement un grand nombre d'acheteurs, sans que parmi les uns ou les autres certains aient un avantage en termes d'information ou d'accès au marché lui-même.

Rappel : il faut toujours annoncer en fin d'introduction les titres des parties principales du développement, juste après avoir posé explicitement la question du sujet. Il est souhaitable de reformuler cette dernière plutôt que de la recopier telle quelle dans l'introduction, et il faut si possible y associer une problématique, c'est-à-dire la décomposer en deux, trois ou quatre questions.


1/ A l'échelle de l'ensemble du marché la quantité produite comme la quantité demandée dépendent chacune du prix, mais ensemble elles déterminent un prix d'équilibre


 a) Sur un marché la courbe d'offre (quantités vendues) est en général croissante en fonction du prix, et c'est l'inverse pour les quantités achetées (demande)

Plus le prix d'une marchandise est élevé, plus grandes sont les quantités proposées à la vente... quantités qu'on appelle en économie "l'offre" (même si cela peut paraître curieux car elles ne sont pas gratuites). On dit que la courbe d'offre est croissante en fonction du prix. Et les économistes ont une autre habitude bizarre qui est de représenter ce prix en ordonnées, alors s'il s'agit mathématiquement d'un "x" et non d'un "y" (ce sont les quantités qui sont indiquées en abscisses). Ce qui est logique en revanche, c'est qu'un prix de vente plus élevé conduit à fabriquer et à proposer davantage de quantités de la marchandise, même si celle-ci coûte alors plus cher à produire car les moyens bon marché sont utilisés en premier.

En sens inverse plus le prix de la marchandise est élevé, moins grandes (en général) sont les quantités que les clients sont prêts à acheter... quantités qu'on appelle "la demande". La courbe de demande est décroissante en fonction du prix. Comme pour la courbe d'offre, le prix est représenté en ordonnées et les quantités en abscisses. Les deux courbes d'offre et de demande sont d'ailleurs souvent représentées sur le même graphique.


 b) Le prix a tendance à s'établir au niveau d'équilibre, où se croisent la courbe d'offre (quantités vendues) et la courbe de demande (quantités achetées)

La courbe d'offre et la courbe de demande se croisent en un point P dont l'abscisse est appelée "quantité d'équilibre" et l'ordonnée "prix d'équilibre". A ce niveau de prix les quantités que les clients veulent acheter correspondent aux quantités de marchandises que les vendeurs proposent.

Si le prix est plus élevé en revanche, les quantités demandées sont inférieures aux quantités offertes et certaines marchandises restent invendues. Mais les producteurs concernés ont alors intérêt à baisser leurs prix... ce qui fait que le marché rejoint en général rapidement le prix d'équilibre.

C'est la même chose en sens inverse, si le prix est bas : les quantités de marchandises proposées sont inférieures aux quantités que les clients cherchent à acheter. Mais les vendeurs ont alors intérêt à augmenter leurs prix car ils auront quand même assez d'achats. De cette façon si rien ne vient perturber le fonctionnement normal du marché, le prix de vente finit toujours par s'établir au niveau du prix d'équilibre, au croisement des courbes d'offre et de demande. A l'échelle du marché, les quantités offertes et demandées (en fonction du prix) déterminent donc bien ensemble le prix finalement constaté.


2/ A l'échelle d'une entreprise c'est le prix qui détermine la production dans le cas d'un type de marché au moins, celui de la concurrence parfaite


 a) Il existe différents types de marchés selon le degré de concurrence

Chaque marchandise est un cas à part, avec un marché qui peut fonctionner de façon très différente. Les conditions de la rencontre entre vendeurs et acheteurs ont en effet des conséquences importantes, en particulier selon qu'ils sont nombreux ou non, d'un côté ou de l'autre. La situation qui sert de point de comparaison est celle de la concurrence dite "parfaite", où il y a presqu'une infinité de vendeurs et au moins autant d'acheteurs. C'est un cas théorique, mais on s'en approche avec la vente de muguet dans la rue le 1er mai par exemple. Pour que la concurrence soit parfaite, il faut aussi qu'il n'y ait aucune différence en ce qui concerne la marchandise vendue (même couleur par exemple), que tout le monde ait les mêmes informations (notamment sur la qualité du produit) et puisse de la même manière choisir de vendre ou non... et enfin que les moyens nécessaires à la production aient les mêmes caractéristiques d'un producteur à l'autre (le prix de l'heure de travail d'un ouvrier par exemple).

De nombreux marchés ne sont pas parfaitement concurrentiels. Par exemple la SNCF est quasiment le seul vendeur de transport en train sur le territoire français : c'est un exemple de monopole. Orange, Free, SFR et Bouygues sont un tout petit nombre de vendeurs d'abonnements aux conversations téléphoniques mobiles : leur marché est ainsi un exemple d'oligopole. Mais il y a aussi des cas où les vendeurs sont nombreux et les acheteurs beaucoup moins, comme pour la vente de produits agricoles aux grandes enseignes de supermarchés (Carrefour ou Auchan). Dans le cas des médecins français il y a presqu'un seul acheteur, puisque les patients sont tous remboursés par un même organisme, la Sécurité Sociale. On parle pour cette raison d'oligopsone à propos des produits agricoles, et de monopsone au sujet des actes médicaux.


 b) Sur un marché parfaitement concurrentiel le producteur, "price taker", produit jusqu'à ce que son coût marginal égale le prix de vente

Lorsqu'il y a un grand nombre d'acheteurs et de vendeurs, aucun d'eux ne peut influencer le prix. Chacun est dit ainsi "preneur de prix" ("price taker" en anglais). La Sécurité Sociale peut fixer au contraire le prix d'une consultation médicale grâce à son monopsone... tout comme le monopole de la SNCF lui permet de fixer celui d'un billet de train. Mais si un boulanger parisien veut vendre une baguette de pain toute simple 10 euros, il n'en vendra aucune car ses concurrents sont nombreux.

Lorsque le prix de la marchandise s'impose au producteur, comme sur un marché concurrentiel, ce prix ne dépend évidemment pas des quantités produites par l'entreprise - c'est même exactement le contraire. L'entreprise a intérêt à augmenter sa production tant que son coût marginal est inférieur, pour une unité de produit, au prix de vente imposé par le marché. C'est donc le prix de marché qui détermine alors les quantités produites par l'entreprise. En effet, le coût de production d'une unité supplémentaire (coût marginal) a tendance à augmenter au-delà d'une certaine quantité produite, par exemple s'il faut agrandir les locaux ou payer cher des heures de travail de nuit. Tant que le prix de marché est supérieur à son coût marginal, l'entreprise a intérêt à accroître sa production pour augmenter le profit que récupéreront ses propriétaires... pas au-delà.



Rappel : il faut toujours conclure le devoir en commençant par résumer la réponse, apportée par le développement, à la question du sujet. On peut s'inspirer pour cela des titres des parties principales annoncés en fin d'introduction, mais il faut donner de ces quelques phrases une version plus détaillée et si possible plus affirmative, compte tenu des précisions données plus haut dans le développement.

Elargissement du sujet vers d'autres questions   Le fait que sur un marché concurrentiel le prix s'impose aux acheteurs et aux vendeurs a plutôt des conséquences positives pour le bien-être de la société, mais pour le montrer il faut un développement à part.