METHODE DE LA DISSERTATION OU DE L'EXPOSE

 

 

NE JAMAIS OUBLIER UN PRINCIPE DE BASE

 

Faire une dissertation, faire un exposé, c'est toujours répondre à une question.

 

Donc, le plus sûr moyen d'avoir une mauvaise note (avec l'annotation "hors sujet" en marge s'il s'agit d'une copie), c'est de:

- reproduire, parce qu'ils semblent vaguement en rapport avec le sujet, des fragments de cours ou de fiches appris par coeur, sans pouvoir les utiliser pour répondre à la question;

- reprendre des extraits de documents (même s'ils ont été fournis avec le sujet) phrase par phrase ou en modifiant les mots seulement "pour le principe", sans s'en servir pour répondre à la question.

 

 

I - LA PROBLEMATIQUE ET LE PLAN

 

Il s'agit donc de fournir une réponse construite, argumentée, à une question.

Mais quelle question, et comment construire la réponse ?

 

a) Souvent, en SES au bac, la question est directement posée par le sujet: par exemple, "La réduction du temps de travail est-elle la solution la plus efficace pour faire baisser le chômage ?".

 

Dans ces cas-là, il est très souvent possible d'organiser la réponse en deux parties. Le titre de chacune d'elle doit résumer le point de vue qu'elle soutient en réponse à la question, mais il suffit en général d'adapter à partir de la trame suivante (appelée plan Oui/Mais) :

I. - Il existe des raisons de le penser sous certaines conditions...

II. - Mais ces conditions ne sont pas forcément réunies

Les "conditions" qui permettent de répondre "oui" si elles sont remplies, ou "non" si elles ne le sont pas, doivent être présentées dans la première ou la deuxième partie en fonction de la taille prévisible du I et du II, de façon à ce que l'ensemble soit à peu près équilibré et respecte une progression logique dans l'argumentation. Voici un exemple de plan Oui/Mais où les conditions de validité de l’idée principale sont présentées dans la 2ème partie :

I. - Cette idée repose sur de solides arguments…

II. - Mais ils dépendent eux-mêmes d’hypothèses qui ne se vérifient pas toujours.

Ce type de plan a l'avantage de conduire à une réponse prudente, nuancée, ce qui s'impose en général, car la question du sujet ne serait pas posée si la réponse était simple, si plusieurs points de vue ne s'opposaient pas à son propos entre les économistes (ou entre les sociologues). Un lycéen peut difficilement soutenir une seule position dans ces conditions, car cela reviendrait à donner tort à des personnes qui ont réfléchi bien davantage que lui à la question.

 Le plan Oui/Mais présente quand même un risque, qu'il faut faire en sorte d'éviter à tout prix: il ne doit pas se transformer en plan Oui/Non. Il est absurde de défendre successivement une idée puis son contraire. Il ne faut pas se contredire, mais nuancer les points de vue qu'on est conduit à présenter: ce n'est pas du tout la même chose. Au pire, si l'on est pas capable de trancher (ou de montrer que les oppositions ne sont pas si fortes qu'elles le semblent), il faut simplement relever qu'il existe un désaccord entre des auteurs aussi importants les uns que les autres, et que le sujet apparaît donc particulièrement complexe. Mais il est rare qu'on ne puisse pas montrer que la validité de chaque théorie dépend des hypothèses qu'elles font, et donc des circonstances (conditions) dans lesquelles on peut les voir ou non se vérifier. 

 

b) Il arrive que le sujet ne pose pas de question, ou en tout cas pas une question à laquelle on pourrait répondre par oui ou non.  

 

Il faut alors envisager d'autres plans que le classique Oui/Mais (il arrive même qu’on se serve d’un de ces autres types de plan dans le cadre d’un Oui/Mais, lorsqu’on peut faire correspondre l’un à l’autre).

 

Les premiers auxquels il faut penser, en sciences économiques et sociales, sont :

- côté offre (I) / côté demande (II)    

… exemple : l’investissement favorise la croissance par son effet sur l’offre (I), mais aussi sur la demande (II)

- à court terme (I) / à plus long terme (II)

- à petite échelle (I) / à grande échelle (II)

- dans le passé (I) / aujourd’hui (ou à l’avenir) (II)

- points communs (I) / différences (II)

 

Souvent, il faut d’abord se demander (notamment si le sujet commence par "Vous analyserez...."), si l'examinateur n'attend pas du candidat qu'il s'interroge d'abord sur les Causes (I), puis sur les Conséquences (II) d'un phénomène. Le plan Causes /Conséquences est le plan le plus classique après le Oui/Mais. Selon ce que le candidat a à dire sur le sujet, il existe une variante, qui permet parfois de faire des parties plus équilibrées: le plan Description du phénomène (I)/ Causes (II) / Conséquences (III).

Dans le cas des plans du type Causes/Conséquences ou Description/Causes/Conséquences, il est très souvent utile de reprendre le modèle de la distinction Oui/Mais à l'intérieur de chaque partie (Est-ce que la première cause qu'on envisage est la plus importante ? ... Pareil pour les conséquences...)  Dans la partie sur les conséquences, il peut s'agir par exemple de se demander si les conséquences positives sont plus importantes que les conséquences négatives.

Le plan Conséquences positives / Conséquences négatives convient d'ailleurs parfois pour tout le devoir, si le sujet ne conduit pas à se poser des questions sur les causes du phénomènes étudié. Il suffit alors de s'inspirer de la trame suivante: I. Il existe des conséquences négatives (sur...) II. Mais les effets positifs (...) semblent plus importants / au moins aussi importants.   [ou inversement]

Il faut aussi TOUJOURS se demander, lorsque le sujet conduit à établir une relation entre deux ou plusieurs phénomènes, si l'un n'est pas A LA FOIS la cause ET la conséquence de l'autre (cas où on doit étudier les intéractions entre des phénomènes).  C'est très souvent le cas lorsqu'un sujet commence par "Quelles sont les relations..." ou "Vous analyserez les liens entre...". Il faut alors recourir au plan intéractif: A entraîne B / Mais B a aussi des conséquences sur A (et c'est peut-être la relation la plus importante). Ce type de plan est indispensable pour traiter certains sujets (par exemple la relation entre développement économique et développement politique et social). Il peut aussi parfois être employé à l'intérieur d'une partie, lorsque le plan général du devoir est un plan du type Causes/Conséquences.

 

 

II - L'ORGANISATION DU DEVOIR

 

Tout devoir comporte une introduction, deux ou trois parties, et une conclusion.

 

a) L'introduction comporte plusieurs étapes, dont la plupart sont des "passages obligés".

 

Première étape (c'est la seule facultative, mieux vaut l'oublier plutôt que d'être maladroit) :  le candidat doit essayer de commencer par une phrase qui "accroche" l'intérêt du lecteur et lui permette ensuite de poser la question du sujet, à l'étape suivante. On peut débuter en citant un fait de l'actualité récente, un chiffre frappant, l'opinion d'un économiste ou d'un sociologue connu...

 

Deuxième étape : le candidat doit DEFINIR LES TERMES DU SUJET et POSER LA QUESTION à laquelle il va répondre dans le devoir. Il est souvent commode, surtout si on a sauté la première étape, de définir les expressions importantes du sujet d’abord, et d’être ainsi conduit ensuite à poser la question. Mais on peut préférer au contraire poser la question et préciser ensuite le sens qu'on donne à chacun des mots employés. En tout cas, il ne faut oublier ni l'un ni l'autre. Si la définition des termes du sujet est vraiment complexe (ce n'est pas le cas le plus fréquent), on peut la renvoyer au début de la première partie (surtout si celle-ci risque d'être trop courte par rapport à la deuxième partie). Il peut arriver, enfin, que toute la question repose sur un problème de définition. Dans ce cas-là évidemment, c'est l'ensemble du devoir qui sera amené à préciser les termes du sujet.

 

Troisième étape :  après avoir posé la question du sujet, il faut annoncer le plan de la réponse (le titre, c'est-à-dire l'idée centrale, de chacune des deux ou trois grandes parties).

 

 

b) Chaque partie du développement doit ensuite respecter certaines règles.

 

Au début de chaque partie, il faut en principe rappeler l'idée principale que celle-ci va défendre (et qui a été annoncée à la fin de l'introduction, avec le plan). Lorsqu'il ne s'agit pas de la première partie, cette phrase doit si possible comporter un mot de transition par rapport à la partie précédente. Il est souvent utile, aussi, de présenter le plan interne à la partie, c'est-à-dire la façon dont on va défendre l'idée principale à partir de deux ou trois idées plus précises.

 

Il faut ensuite développer ces deux ou trois idées plus précises, en les illustrant chacune soit par des exemples (notamment chiffrés), soit par un raisonnement, soit par une référence à un auteur et à sa théorie.

 

 

c) Enfin la conclusion se compose en principe de deux parties:

 

- un résumé (indispensable) de la réponse que l'on a donné à la question posée en introduction: on doit pouvoir le faire, en général, en reformulant l'idée centrale de chaque partie, sous une forme un peu plus développée que dans l'annonce du plan (et éventuellement moins nuancée, puisque tous les arguments ont été discutés)

 

- la formulation d'une question dite "d'ouverture" (facultative, mieux vaut s'abstenir plutôt que d'être maladroit): en général, après avoir traité un sujet, on est conduit à constater que la réponse qu'on a donné soulève d'autres questions, même si celles-ci n'avaient pas à être abordées dans le développement. Attention, il ne faut surtout pas poser ici une question que le sujet imposait de traiter !!

 

 

III -  LA GESTION DU TEMPS

 

A titre indicatif, pour une dissertation de 4 heures, sur un sujet avec documents:

 

a) environ 1h et demi doivent être consacrées à la préparation, c'est-à-dire à:

 

- la réflexion sur le sujet (Quelle est la définition des termes employés et quelle importance a-t-elle ? Quelle est la question posée ? Quelles sont les étapes que le correcteur va attendre dans la réponse, compte tenu de ce que je sais ?)

 

- la lecture des documents (Est-ce que ma réflexion initiale m'a mis sur la bonne voie ? Qu'est-ce que j'avais oublié d'important, par rapport aux idées des documents ? Qu'est-ce qui n'est pas utile pour traiter le sujet dans ces documents ?)

 

- l'organisation du plan de la réponse

 

b) le temps qu'il reste pour la rédaction doit être calculé et réparti. Si c'est 2h30, cela fait 150 minutes, donc s'il y a deux parties divisées chacune en 2 sous-parties, plus l'introduction, plus la conclusion, cela fait 150/(4+2)= 25 minutes par sous-partie.

 

Tout au long de l'épreuve, il faut surveiller que l'on n'est pas trop en retard ou au contraire trop rapide. Si le décalage devient trop important par rapport aux prévisions, il faut rediviser le temps qui reste par le nombre de sous-parties encore à écrire...

 

c) il faut penser à garder quelques minutes, si possible une dizaine, pour se relire afin de corriger les fautes de grammaire, d'orthographe et pour améliorer la présentation. A ce sujet, il est FORTEMENT conseillé de SAUTER UNE LIGNE entre chaque sous-partie, et PLUSIEURS LIGNES entre les grandes parties du développement, entre l'introduction et le développement, ainsi qu'entre la fin du développement et la conclusion.